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Jean-Paul Gaultier : Classique

Lorsque Classique est sorti en 1993, j’avais 7 ans. A cette époque, les visites chez Sephora étaient encore assez réduites, mais quelques années plus tard, je découvrais la publicité et le parfum par l’intermédiaire de ma grande sœur. Ce que j’en pensais à 9 ans était assez simple : « C’est bizarre ».

Bizarre parce que la publicité me faisait un peu peur et me rappelait beaucoup les images compilées par les soins de ma mère, dans un livre que j’ai longuement feuilleté avant de le lire. Bizarre parce qu’une boîte de conserve au milieu des Chanel et autres Yves Saint Laurent avait de quoi faire rire. Bizarre encore parce que ce flacon en forme de poupée non finie attirait mes yeux de petite fille et en faisait un objet hautement désirable. Bizarre enfin parce que cette odeur forte et puissante m’évoquait tout un tas de choses : « la dame, le savon, le maquillage, la poudre de maman, la crème… »

Aujourd’hui, bien des années plus tard, les références ont changé, les outils d’analyse sont un peu plus performants, et cette ambiance inquiétante et futuriste laisse place à des codes plus féminins, peut-être un peu plus convenus. Le parfum, lui, continue d’être intrigant. Prenez un éternel féminin (un bouquet de fleurs blanches), surpiquez de cannelle et de gingembre, brodez par dessus des tranches de mandarine, de citron et de bergamote, puis teintez d’ambre et de vanille. Vous obtenez une sorte de douce explosion charnelle qui vous parle des années passées et du futur chemin qu’elles pourraient emprunter. J’aime le mélange dans ce parfum, de la sensualité et de l’espièglerie, du jeu et de l’allure. Je l’aime surtout parce qu’il fait rêver.

Classique transporte avec lui l’idée même que l’on se fait d’un parfum, il nous emmène dans une ambiance et un univers propre à celui qui l’a voulu : c’est le plaisir d’un grand parfum de couturier, assumé, choisi, mené par une idée. Il se porte un peu comme se lit un livre, n’est jamais à court de mots pour vous évoquer une atmosphère, vous tenir en haleine des heures durant, vous parler de l’intimité des personnages que vous imaginez.

De toutes les campagnes qui ont accompagnés la promotion des parfums Jean-Paul Gaultier, j’ai un gros faible pour celle-ci.

La dernière campagne, réalisé par Jean-Baptiste Mondino reprend l’idée du couple Classique – Le Mâle qui est incarné à l’écran dans les 2 publicités, mais dans une atmosphère bien différente des précédentes. A l’occasion, une interview de Jacques Cavallier a aussi été réalisée, et comme on ne se lasse pas d’entendre parler les parfumeurs, voici un extrait (version longue sur le site de Jean-Paul Gaultier) :

Chanel : N° 5

Nez Bavard s’attaque aujourd’hui à l’un des plus grands succès de tous les temps en parfumerie : le N° 5 de Chanel. Il me fallait en effet analyser ce parfum et décrire les impressions qu’il provoquait chez moi. Je pense avoir assez attendu et l’avoir essayé assez de fois pour m’être fait une opinion à la fois subjective et raisonnée sur ce parfum. Je dois confesser que je l’ai, pendant un moment, vraiment détesté. Enervant, c’est tout ce qu’il m’inspirait. Puis j’ai lu à son sujet, vu quelques visuels (mon préféré étant sans appel celui de Carole Bouquet), ai pu profiter du battage marketing prodigieusement lourd dont il fait l’objet actuellement, et puis je l’ai réessayé. 1 fois, 2 fois… Tout en continuant mes investigations.

Ce parfum a été créé en 1921 par Ernest Beaux sur la commande de Gabrielle (Coco) Chanel. L’oeuvre de Coco Chanel est caractérisée par sa volonté de libérer la femme des conventions romantiques du XIXe siècle. Plus de corsets, de cheveux longs… Chanel recherche la simplicité et l’élégance : des lignes épurées harmonieuses, des couleurs neutres (noir, blanc, beige, or), avec une touche de fantaisie : les accessoires. Le flacon du N°5 qu’elle a dessiné elle-même est un bon exemple : particulièrement épuré, il est en rupture totale avec les flacons très travaillés de l’époque. Coco Chanel désirait un parfum en accord avec sa mode, elle a eu l’audace de lancer un parfum sous son nom alors qu’à l’époque, la parfumerie et le monde des créateurs étaient deux univers distincts.

« Je veux un parfum artificiel, je dis bien artificiel, comme une robe, c’est à dire fabriqué. Je suis un artisan de la couture. Je ne veux pas de parfum à odeur de rose, de muguet, je veux qu’il soit composé. […] Un parfum de femme, à odeur de femme. Car une femme doit sentir la femme, et non la rose. » Coco Chanel

L’originalité du N°5, toujours d’actualité aujourd’hui, tient au fait que le bouquet floral qui le compose a été rendu abstrait par des molécules de synthèse appellées aldéhydes. Elles ont la propriété d’apporter volume, tenue et puissance au parfum. Leur odeur seule est très forte, verte et incisive. En 1921 leur utilisation était très peu répandue, il s’agissait donc d’un pari audacieux. Dans la composition du parfum elle apporte en plus de la tenue et de la puissance, des facettes nouvelles et mystérieuses aux composants. Le N°5 est composé comme suit : T : Aldéhydes/Bergamote/Citron/Néroli ; C : Jasmin/Rose/Muguet/Iris ; F : Vétiver/Santal/Vanille/Ambre.
Son succès est incontestable depuis sa création, il s’agit sûrement du parfum le plus vendu au monde. Il véhicule l’image d’une femme libérée, élégante et sensuelle. En 1954, lorsqu’un journaliste demanda à Marylin Monroe : « Que portez-vous pour dormir? », celle-ci répondit : « Quelques gouttes de N°5 » Cette réponse charmante et naïve a sans nul doute participé à la construction du mythe Chanel N°5. Par la suite les plus belles femmes du monde ont posé pour ce parfum : Catherine Deneuve, Carole Bouquet… Le nom du parfum serait dû au fait qu’Ernest Beaux aurait présenté à Gabrielle Chanel deux séries d’échantillons numérotés : de 1 à 5 et de 20 à 24. Celle-ci aurait préféré le 5e et comme elle lançait sa collection le 5 mai (cinquième mois de l’année) elle aurait souhaité lui laisser son numéro : « Ce numéro 5 lui portera chance. » Ce choix est sans nul doute un coup de maître car il attise la curiosité et ne suggère pas d’a priori.

En ce qui concerne son odeur en elle-même, elle est justement assez difficile à définir. Cette impression est peut-être psychologique, mais il faut avouer que le N°5 ne rappelle pas de fleur ou de matière première en particulier. Il est entier et incisif. Pour ma part, je n’aime pas du tout sa tête. Tranchante, acide, incisive à cause des aldéhydes, elle m’énerve et je dois éviter de sentir mes poignets pendant les 20 premières minutes, sous peine de faire la grimace. Mais j’ai appris par la suite à vraiment aimer ce parfum. Il est intensément brillant et élancé, et découvre un coeur à la fois chaud, légèrement poudré, et aérien. Il m’étonne, car je le trouve audacieux, encore aujourd’hui. Il garde un côté saillant tout le long de son évolution, mais développe au fur et à mesure une densité crèmeuse et dorée réellement grisante. Ce parfum se projette en avant et a aussi un merveilleux sillage. Passé l’aspect un peu désagréable de la tête, il s’installe dans son rythme de croisière : ni trop entêtant, ni trop pâle. Son jus est d’un jaune ambré intense, le porter me donne la sensation d’être parée, brillante et de dégager une aura lumineuse. Je ne sais pas si je le porterai un jour. Il est de toute façon assez intemporel et peut être porté à tout âge, même par les jeunes filles.

Chanel N°5, l’éternel féminin…

Sources : Wikipedia, Chanel.fr

Guerlain : Shalimar

Shalimar… L’un des plus grands mythes parfumés du XXe siècle, aux côtés de Chanel N°5, et qui sera rejoint dans une dizaine d’années par Angel de Thierry Mugler. Ce parfum transporte avec lui l’image de la maison Guerlain, et une « note orientale » d’après les parfumeurs. Avec toutes ces particularités, il fallait absolument que Nez Bavard donne son avis !
Créé en 1925, ce parfum est encore tout à fait dans l’air du temps, et n’a pas un aspect décalé, mais peut-être est-ce dû au fait que Shalimar a inspiré bon nombre de parfums après lui. C’est en effet l’une des plus importantes réussites en parfumerie et l’un des premiers parfums à utiliser de la vanilline (ce composant caractéristique de la vanille, qui isolé, produit un effet intense). Il est construit de la manière suivante : Tête, Bergamote/Mandarine/Bois de Cèdre/Citron ; Coeur, Patchouli/Jasmin/Rose/Iris/Vanille ; Fond, Benjoin/Baume du Pérou/Cuir. Ses notes suaves et balsamiques en font un extraordinaire parfum enveloppant, et il s’affirme très féminin grâce aux notes fleuries et à l’iris. D’après le site de Guerlain, Shalimar est un parfum qui suscite et exprime le désir.
Malheureusement, Shalimar ne me plaît pas. Je suis trop jeune pour l’apprécier? Peut-être, mais cette conclusion me semble un peu facile. Tout d’abord, cette note caractéristique de Shalimar ne me rappelle pas l’Orient, personnellement, ou en tous cas ne me semble pas être une représentation typique de celui-ci. Mais cet avis est très subjectif, car il est possible que j’aie une vision de l’Orient très différente de celle qui est communément connue. Pour tout dire, je trouve que ce parfum n’est tout simplement pas si distingué que cela. Il n’entraîne pas chez moi l’admiration, comme Prada a pu le faire. Je reconnais en lui les qualités d’un grand parfum, son aspect chaud et travaillé, très sensuel et proche de la peau. J’aime cet aspect dans de nombreux parfums, et bien que Shalimar ne soit pas particulièrement lourd, je le trouve tout de même un peu chargé, presque grossier. Cette particularité doit peut-être venir de la vanilline, qui utilisée pure, perd de sa finesse et délicatesse. Il faut aussi savoir qu’avant de le sentir correctement pour la première fois, j’ai longuement entendu parler de ce parfum, décrit comme une exception, un petit bijou, une merveille… En m’attendant à quelque chose de vraiment exceptionnel, j’ai été un peu désappointée. Je fais un léger parallèle avec Chanel N°5, car je lui consacrerai un billet. Chanel N°5 ne me plaît pas (ou ne me plaisait pas) non plus (mais évidemment pour d’autres raisons), cependant, il est plus féminin et a plus d’allure que Shalimar. Chez Guerlain, je trouve Samsara mieux construit et beaucoup plus attachant. J’aimerai avoir votre avis sur Shalimar, entendre vos critiques car je suis interessée par les différentes visions que l’on peut avoir d’un même parfum. Laissez donc un petit commentaire !


La Wish-List de Nez Bavard

Parfums Bois d'Argent - C. Dior / Ambre Narguilé - Hermès / L'eau de l'eau - Diptyque / Angélique Noire - Guerlain / Splash Forte - IUNX / Egoïste - Chanel / Iris Silver Mist - Serge Lutens / Vétiver Tonka - Hermès
Bougies Amber Ambush - Memo / Foin Coupé - Diptyque / Maquis - Diptyque / Orangers en Fleurs - L'Artisan Parfumeur

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