Relayée tout d’abord par Lucas Turin dans cet article, puis par les excellents billets d’Octavian Coifan ici et ici, et ceux de Denyse Beaulieu ici et là, la nouvelle est tombée. Les nouvelles dispositions de l’IFRA 43 prendront effet à partir du 1 janvier 2010 et à partir de ce moment, plus rien ne sera comme avant. Au lieu de paraphraser, je retranscris ici une partie de l’article de Lucas Turin en français :
« La parfumerie, un art vieux de 100 ans, aura mis du temps à mourir, mais le 1er Janvier 2010, il sera officiellement mort. A cette date, l’amendement 43 de L’IFRA (International Fragrance Association) prendra effet, et tous les parfums du marché, vieux, jeunes, ceux de vos parfums de luxe comme ceux de vos shampoings devront en suivre les directives ou seront hors-la-loi vis à vis de l’UE. Parmi les nombreux désastres que connaîtra la parfumerie de luxe, laissez-moi prendre un exemple emblématique : la mousse de chêne. Cette matière est essentielle en parfumerie et spécialement pour la catégorie des chyprés, incluant Mitsouko et des centaines d’autres. A partir de 2010 elle sera remplacée par d’autres choses qui ne sentent pas la mousse de chêne. Pourquoi ? Parce qu’elle contient certains éléments qui causent parfois des réactions allergiques chez certaines personnes. […] Il semble désormais que les parfums ne seront plus composés par les parfumeurs mais par un comité d’experts européens. »
Pour information, l’IFRA est l’organisme qui est chargé de contrôler et de réguler l’utilisation des matières premières dans les produits parfumés (parfums, shampoing, gel douche…). Y adhèrent la plupart des marques de parfumerie présentes sur le marché et plus largement les sociétés de matières premières telles que Givaudan, IFF, Symrise, Robertet… En dehors de la protection du consommateur face à des produits potentiellement dangereux, l’IFRA peut se permettre, si les industriels s’y retrouvent, d’interdire n’importe quelle molécule comme bon lui semble, interdiction qui fera immédiatement office de loi dans l’UE.
Le problème qui nous touche ici, est que dans son dernier amendement, l’IFRA tape très fort sur les quantités maximum de certaines matières premières qui pourront être intégrées dans les parfums. Cela concerne donc le passé comme le futur. Des molécules naturelles comme de synthèse seront durement touchées et la composition des classiques tels que le N°5 de Chanel, Mitsouko de Guerlain ou encore Joy de Jean Patou se verra modifiée pour être mise aux normes. Ces parfums bien que pour la plupart déjà reformulés risquent de perdre absolument tout ce qui a fait leur légende et leur beauté. Si Chanel ne peut plus dépasser un maximum de 7% d’absolu jasmin (dans une eau de toilette à 10%), que va devenir le N°5 ? Et que vont devenir les champs de jasmin détenus en propre à Grasse par la maison Chanel ?
Cette décision soulève beaucoup de questions. A qui cela profite-t-il ? Pourquoi restreindre l’utilisation de matériaux, potentiellement allergènes certes, mais certainement pas cancerigènes ? Si on me fait lire une étude sérieuse démontrant un lien significatif entre l’utilisation de parfum et l’apparition d’un cancer, je veux bien revoir mon jugement. En attendant, peut-être ferait-on bien de se poser des questions un peu plus sérieuses… sur les parabens présents dans nos crèmes, tiens ! Plus que tout, cette décision me met en colère. Je suis déçue, révoltée devant tant d’hypocrisie et de bêtise. Visiblement, rien ne peut être fait. La machine est déjà en route, cependant, cela ne nous empêche pas de réagir et de faire part de notre mécontentement. N’hésitez pas à donner votre avis sur le sujet.
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