Voici le deuxième billet consacré à Safran Troublant. J’ai en effet ressenti le besoin d’approfondir l’analyse de ce parfum exceptionnel. Je l’ai découvert en novembre 2006, il m’avait plu déjà à cette époque, mais comme j’ai eu l’occasion de développer mes connaissances et mes capacités olfactives, j’ai aujourd’hui une perception plus précise et cohérente de cette fragrance.
Tout d’abord, parlons de l’épice qui est au centre de ce parfum : le safran. Le safran est l’un des composants les plus chers au monde, plus que le caviar et la truffe. C’est une épice tirée d’une variété de crocus (crocus sativus), de la famille des Iridacées, originaire du Népal. Il est présent dans tout le bassin méditerranéen. Les parties extraites de la plante sont les stigmates, sorte de fils rouges au centre de la fleur. Après 48 h d’infusion, ceux-ci dégagent un parfum très agréable et puissant. La safran est très utilisé en cuisine, notamment dans la paëlla, pour son parfum délicieux et son action colorante. Il contient de la vitamine B2 et de la pro-vitamine A, on en extrait aussi une huile essentielle aux vertus sédatives.
Safran Troublant est un jus précieux dont la recette, vanille et safran, était déjà prescrite chez les Chinois et les Grecs. Son odeur est orientale, dépaysante et familière à la fois. Il offre une vraie sensation de velouté, comme les pétales presque velus d’une rose rouge sombre. Sa composition est très simple : rose rouge, muscade, safran, gingembre, vanille, bois de santal. Tous ces ingrédients apportent leur douceur, qui se retrouve dans le sillage du parfum, un sillage léger très proche de la caresse et de l’effleurement. Il dégage certes une impression crémeuse légèrement sucrée, mais on est loin d’une sensation lourde de gâteau ou de beurre fondu. Le caractère épicé est bien présent dans Safran Troublant, mais habilement contrebalancé par l’aspect laiteux légèrement poudré du bois de santal, la beauté radieuse de la rose, et la rondeur de la vanille.
Sa senteur est colorée, tantôt jaune comme le safran, tantôt rouge comme la rose. Il a sur moi un réel effet rassurant et calmant, car son évolution est stable : passée la giclée de rose rouge fraîche en tête, le coeur-fond est rapidement atteint : une atmosphère tamisée, une diffusion continue, douce et régulière. On ne trouvera pas chez Safran Troublant des stades d’évolution très marqués, c’est entre autres ce qui m’a plu dans ce parfum. Il arrive souvent qu’un parfum que l’on a vraiment aimé les 6 ou 7 premières heures sur notre peau, finisse par nous lasser ou nous déranger lorsque le dernier virage a été entamé, ce qui a été le cas pour moi, lorsque j’ai porté Songes d’Annick Goutal. Ici, rien de tel, l’odeur qui vous a séduite au bout de 15 minutes sera celle qui vous séduira au bout de 10 h. Cette stabilité est certainement due à la simplicité de la composition, ainsi qu’à la qualité et la beauté des matières utilisées. Comme souvent avec les parfums de L’Artisan Parfumeur, l’odeur qui émane de la peau semble très personnelle et unique.
Il se porte au plaisir, toute l’année, son odeur est réconfortante et reposante par temps froid autant que par temps chaud. Pour diffuser et faire tenir un parfum, on sait que les supports tels que la fourrure, la laine, la soie et le cachemire sont d’excellents fixateurs et diffuseurs, mais il y a aussi les cheveux. J’ai trouvé que Safran Troublant était un parfum particulièrement adapté pour une telle diffusion, il a la douceur d’une main qui passe dans les cheveux, et la chaleur du petit duvet que l’on trouve dans le cou. Ainsi, un léger nuage déposé sur la chevelure donne à ce parfum tous les éléments pour exprimer sa singularité et son naturel.
Sources : Basenotes, Wikipedia, OsmoZ
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