Ma première rencontre avec Angel de Thierry Mugler, fut en réalité celle que je fis avec Jerry Hall dans son habit de lumière, autour de mes 10 ans. J’aurais tout fait pour avoir ses cheveux. Malheureusement pour moi, ils sont beaucoup moins abondants et longs que les siens… Toujours est-il que je n’avais absolument aucune idée de l’odeur du parfum, et qu’une fois senti, je me suis vraiment demandé comment il était possible d’avoir une odeur aussi décalée de sa publicité. Plongée dans l’ambiance bleue et épurée d’un désert, omnubilée par les boucles et la bouche rouge du modèle, je me serai plutôt attendu à… quelque chose de plus… Finalement à quoi peut-on s’attendre avec une publicité de parfum? A rien.
Tout a été dit ou presque sur ce parfum devenu mythique dans les années 90 car fondateur d’une nouvelle famille olfactive : l’oriental gourmand. Angel aurait-il eu le même succès s’il était sorti à une autre époque? Un autre parfum aurait-il pu prendre sa place? Je ne sais pas. Ce qui est sûr c’est que c’est un parfum de rupture (à l’époque où il fut lancé), et que cela a participé à son extraordinaire succès. Il est devenu quelques années après son lancement le N°1 des ventes en France, et N°3 en Europe. Odeurs de fête foraine, de barbapapa… Oui, oui, bon, je trouve que l’aspect sucré n’est pas le plus frappant dans ce parfum. Moi je suis surtout emballée par l’impression de densité, quelque chose entre miel et terre avec une touche de poisseux pour le sucre (quand même) qui colle aux doigts. Le patchouli est présent très tôt et plus que le praliné et la vanille, c’est lui que je sens (Pas forcément sous le plus bel angle cependant). Même sur le fond où la rondeur se révèle, je pense à une tasse de café fort avec un carré de chocolat noir en train de fondre dedans. Rien à voir donc avec un flacon en étoile et un jus bleu!
Angel excelle en terme de matières lourdes et compactes. Il est souvent décrié pour cette raison et pour son côté infantilisant, qui a ouvert la voie aux parfums à tendance alimentaire ainsi qu’à bon nombre de copies plus ou moins réussies. Dans la même veine, on peut penser notamment à Lolita Lempicka pour Femme (1997) qui a largement profité du succès du premier (nous reviendrons sur cet exemple), mais aussi à Hypnotic Poison (1998) ou encore Dior Addict (2002). Je ne suis moi même pas une grande amatrice de ce type de parfums, mais ce premier opus sorti en 1992 fait exception. Car Angel n’a rien d’évident ou de facile. Il flatte l’instinct alimentaire de chacun, mais le fait en maniant les éléments avec audace, on est pas juste dans le méga-sucré-qui-sent-trop-bon-maman-tu-me-l’achètes… Après toutes les tentatives des concurrents pour obtenir un succès comparable, il faut reconnaître qu’Olivier Cresp et Yves de Chiris avaient eu une intuition de maîtres sur ce coup-là. Le changement opère une fois, pas 15.
You can’t be me I’m a Rockstar comme le dit si bien la chanson Rockstar de N.E.R.D … A quand le prochain parfum de rupture? J’ai hâte.
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