Posts Tagged 'ambre'

33° à l’ombre / Genève, CH

20h43. Une journée étouffante touche à sa fin, la brise s’est levée et l’odeur du lac rentre par les fenêtres que nous avons enfin ouvertes. Billie Holiday nous accompagne de sa voix nonchalante et nostalgique et Frank Sinatra me regarde du haut de ses 22 ans… (Diable, je deviens vieille…)

Notre ami Méchant Loup nous en a parlé il y a quelques jours, et j’avais envie de pousser le vice un peu loin aujourd’hui. J’ai donc vaporisé, au hasard des flacons : Notorious (Ralph Lauren), Muscs Koublai Khan (Serge Lutens) et Amber Absolute (Tom Ford) sur mes bras. Le résultat est assez… sauvage, mais ne manque pas de chic. Amber Absolute et son encens baumé sombre est celui qui parle le plus fort. Je me sens de façon assez amusante plongée dans uns atmosphère années 30, bien que le son de la télé me parvienne et que je m’apprête à déguster une délicieuse tarte aux courgettes. Je ne puis faire attendre mon hôte plus longtemps… Mais je reviendrai sur mes essais de la journée, la chaleur les ayant durement éprouvés, sûrement autant que moi…

En attendant, rafraîchissez-vous!!

By Kilian : Back to Black

Back to Black / Aphrodisiac est la prochaine création à paraître de By Kilian. Celle-ci sera disponible en septembre dans les différents points de ventes habituels. Vous pourrez alors facilement faire porter le chapeau à La Rentrée pour faire avaler à votre porte-monnaie rabat-joie, que vous avez  absolument besoin d’un nouveau parfum pour bien recommencer le travail…

Back to Black a donné du fil à retordre à Nez bavard. En effet, celui-ci est alternativement perçu comme un ambré-boisé ou comme un tabac, mais tout au long du parfum, les impressions et les références olfactives se bousculent, ce qui rend sa lecture plus ou moins ardue.

flacon_Back to BlackL’entrée en matière me fait purement et simplement penser à un verre de cognac. C’est dans ce départ que l’on sent le plus la filiation entre les parfums By Kilian et l’univers des spiritueux. C’est dense, liquoreux, chargé d’arômes fruités, boisés et ambrés qui promettent de se déployer fastueusement sur la peau. Passée la première giclée de liqueur fruitée qui me fait personnellement penser à de la prune, le parfum se recouvre rapidement d’une couche de poudre de chocolat Van Houten, un peu amère (pour le pouvoir aphrodisiaque peut-être…).

La touffeur chocolatée aurait presque des accents de cuir, et l’on sent dans le coeur de la fragrance une référence au Bornéo 1834 de Serge Lutens. Il y a chez By Kilian un accent beaucoup plus prononcé sur les fruits et sur une rondeur chocolatée qui est présente chez Bornéo mais dans un écriture plus sèche. Le patchouli a bien sûr plus de place dans la création de Serge Lutens, chez By Kilian il sert à renforcer une note sensuelle très suave et très riche. La comparaison vaut vraiment le détour, car ces 2 parfums semblent presque se compléter et développent conjointement une atmosphère dense et enveloppante, un peu poudrée. Mais là où Bornéo s’engage fermement dans une cave de bonheur patchoulité, la liqueur fruitée de Kilian s’étire et poursuit son chemin dans une image de petits raisins secs gonflés de rhum et d’épices. J’ai vaguement l’intuition d’une fleur (peut-être une lavande?), mais très légère, visible seulement à travers un filtre ou un brouillard de miel épais.

Dans les derniers stades, le parfum semble vouloir tirer vers l’univers du café sans vraiment y parvenir. La référence est présente ainsi que les facettes de l’odeur du café (chocolat, vanille, tabac), mais le personnage principal est absent. Les volutes finales s’accordent cependant assez bien autour de ce thème. La tasse de café-vanille n’est pas loin, posée à côté de la pochette de tabac à odeur de miel, pendant que des lèvres rouges mordent dans un carré de chocolat noir à la framboise (très nette sur ma peau). La tasse finie, il reste une couche de miel foncé (celui des fleurs de montagne), encore une fois riche et épais qui s’en va doucement mais sûrement vers un fond de miel ambré-fumé.

L’évolution est résolument séduisante, avec ce qu’il faut d’attendu et de surprenant. J’ai pour ma part beaucoup apprécié le travail réussi autour des notes sucrées qui ne sombrent jamais dans de la confiture over-lourde, alors qu’il aurait pu être dangereux de travailler à la fois les fruits (dont une framboise très réaliste), le chocolat et le miel… Et pourtant, ma peau a tendance à faire ressortir cet aspect dans les parfums.

A découvrir donc pour les amateurs de fruités intelligents aimant les univers changeants mais affirmés.

Trois ambres au banc d’essai : Etro, Serge Lutens, Maître Parfumeur et Gantier

Dernièrement, le temps fraîchissant un peu à Paris, j’ai été prise d’une envie de chaleur olfactive. C’est tout naturellement que j’ai alors cherché à travailler les parfums ambrés, l’ambre étant le composant indispensable à toute composition « chaleureuse » qui se respecte.

Longtemps, en parfumerie, l’ambre a été utilisé sous sa forme naturelle : l’ambre gris, qui provient des concrétions intestinales du cachalot (un cétacé immense, pesant entre 20 et 50 tonnes) , produites en cours de digestion et évacuées par les voies naturelles. Flottant alors à la dérive, puis s’échouant sur les plages, l’ambre gris obtient son odeur caractéristique après plusieurs mois, voire plusieurs années d’exposition aux éléments (soleil, mer, vent…). Selon son état, son odeur développe des facettes boisées, camphrées, tabac, musquées… L’ambre gris est composé majoritairement d’ambréine (25 à 40%) et d’épicoprostérol (30 à 40%) qui sont des composants inodores. Parmi les substances odorantes, on relève l’ambrox qui est aujourd’hui recomposé en laboratoire de façon synthétique ou semi-synthétique (à partir d’éléments naturels). L’ambre était ( et est toujours) réputé pour ses vertus aphrodisiaques, il a été classé au Xe siècle par Ibn Haukal comme l’un des produits les plus importants du Maghreb.
Mais l’ambre gris n’est pas le seul composant à donner une note ambrée dans un parfum. Des plantes telles que le ciste qui produit une gomme résineuse appellée labdanum, ou l’ambrette dont on utilise les graines (mais de moins en moins) sont connues pour leurs tonalités ambrées, musquées, animales.

Pour me faire un avis sur ce composant et travailler mon nez correctement, j’ai recherché des parfums où l’ambre était vraiment dominant et autant que faire se peut, pur. Les parfums choisis ont été : Ambra de Etro, Ambre Sultan de Serge Lutens et enfin, Ambre Précieux de Maître Parfumeur et Gantier. Les trois parfums interprètent de manière différente un même composant, mais se réunissent sur une même sensation de rondeur suave plus ou moins vanillée et/ou sucrée.

Pour Ambra de Etro, on a : bergamote, citron, coriandre, géranium / patchouli, ciste / vanille, musc, ambre. Ma peau a une tendance naturelle à faire ressortir les aspects les plus sucrés dans un parfum, et ce qui m’a intéressée dans celui-ci, c’est que cet aspect est apparu sous forme légère, comme un sirop d’érable, juste au moment de la vaporisation, puis s’est finalement dissipé. Laissant place alors, au fil des heures, à une douceur musquée avec un ambre végétal (résineux), se concluant sur une touche patchouli-vanille fluide mais bien présente. De ce parfum émane un ambre svelte, léger, qui tout en gardant la jolie rondeur de l’ambre le rend très facile à porter par tous les temps. Il est concentré en Eau de Cologne, mais sa tenue est très satisfaisante et suffisante lorsque l’on recherche juste une légère aura.

L’Ambre Sultan de Serge Lutens se compose de : coriandre, fleur de laurier / ciste, myrte, angélique, origan / ambre, santal, patchouli, styrax, baume tolu, benjoin. Je serais tentée de dire que ce qui sent le plus dans ce parfum est l’absence de vanille. Un élément qu’il est intéressant de relever lorsqu’on le compare à d’autres compositions ambrées plus courantes. Le benjoin « remplace » en quelque sorte la vanille et développe une sensation balsamique et ronde, mais pas sucrée. Les premiers instants, Ambre Sultan a une odeur assez mordante, fumée et animale. Une animalité soutenue par les épices et qui se poursuit tout au long de son évolution, le rendant légèrement rustique. Son fond est balsamique, et l’on retrouve un ambre-fumé distingué, en équilibre.

L’Ambre Précieux de Maître Parfumeur et Gantier : épices / encens, patchouli / vanille, ambre, baumes. C’est celui qui sent de la façon la plus classique à mon nez. C’est aussi celui qui se fait le plus séducteur et le plus enveloppant sur ma peau. L’ambre précieux se fait vraiment bijou : il pare. Voiles, volutes, rondeurs moelleuses, douceurs vanillées, … C’est un sublime parfum de sillage, intriguant ou dérangeant selon les goûts, qui révèle tous ses charmes sur la peau d’une femme (ou d’un homme). Sur ma peau en tout cas, il se sucre et s’arrondit nettement, donne une grande sensation de souplesse, assez féline. L’image du chat ondulant, au regard impénétrable et à l’allure nonchalante me convient parfaitement. Sa tenue est irréprochable et son sillage puissant. Blue Amber de Montale est très proche de cet Ambre Précieux mais je le dirais légèrement moins vanillé.

Trois parfums, trois expériences, qui ne conviennent pas aux même humeurs et aux mêmes moments avec pourtant un ambre central, chaque fois. Je n’ai pas de préféré. Je dirait qu’Ambra est le plus confortable, Ambre Sultan le plus surprenant, et Ambre Précieux le plus royal.

L’ambre est une matière adorable dans tous les sens du terme, mais qui, me semble-t-il, est utilisé aujourd’hui vraiment à toutes les sauces. Sa grande capacité a fixer la fragrance et à lui apporter chaleur et sillage fait qu’il est utilisé dans de nombreuses compositions, mais souvent sans grande habileté. Les parfums commentés aujourd’hui et d’autres comme L’Eau d’Ambre de L’Artisan Parfumeur ou Ambre Soie de la collection Armani Privé sont de beaux parfums où l’ambre a une place de choix au coeur de la composition.

Sources : Wikipedia, OsmoZ, Etro.com, www.cnrs.fr

Et vous, quels sont vos ambres préférés?

Guerlain : Shalimar II

Nez Bavard is back to business!!

Et pour poursuivre la série de billets sur les Guerlain, on reprend aujourd’hui avec Shalimar. En effet suite aux réactions de plusieurs lecteurs sur le précédent billet, j’ai voulu réessayer Shalimar et refaire son analyse. J’avais déjà évoqué le principe « du bon vin » dans le billet sur l’odeur du papier, et il me semble que les nez sont régis par la même loi : pour peu que l’on prenne la peine d’exercer son nez, il s’améliore en vieillissant, et je sens aujourd’hui plus de choses qu’en janvier dernier…

Shalimar est donc classé dans les parfums orientaux… Cette famille olfactive est un mystère pour moi tellement elle est utilisée à toutes les sauces. Mais ça doit sûrement faire bien d’avoir marqué « oriental » sur son étiquette, on se sent moins bête au milieu de tous les autres flacons sur les étagères et on peut crâner auprès des copains…
« – Wwaaaaaaahhh… Alors c’est toi Shalimar? L’oriental le plus oriental des orientaux? (demande Ange ou Démon, l’oriental-raté)
– Héhé! Oui, c’est Moua…
(répond Shalimar, l’oriental des orientaux)
– Pas si vite mon coco, moi c’est Jicky (le vénérable oriental) et je suis plus vieux que toi, alors rend à César ce qui appartient à César! Presto! »

Pour la petite anecdote, la légende voudrait que Jacques Guerlain ait versé quelques gouttes d’éthyl-vanilline dans un flacon de Jicky « pour voir », et que le résultat soit à l’origine de Shalimar. Cela dit, comme avec le N°5 de Chanel, où est la limite entre mythe et réalité? Les orientaux, parfois appellés « ambrés », constituent une famille de parfums qui se caractérise par sa sensualité et sa chaleur, développant dans ses parfums des notes poudrées, vanillées, animales. Cette famille a donné beaucoup de sous-familles ; et je trouve que souvent le terme d’oriental est utilisé plus pour stimuler l’imaginaire des clientes que pour rendre compte de la présence d’éléments spécifiquement orientaux dans la fragrance. Shalimar est sans nul doute le parfum auquel se réfère l’imaginaire collectif lorsqu’il pense « oriental ». Il résume à lui seul la catégorie ambré-vanillé qui est la plus représentative des orientaux. Il me semble cependant qu’il ne suffit pas de contenir de la vanille et de l’ambre dans sa composition pour être un oriental.

Tel que je le perçois, un parfum oriental doit avant tout se démarquer des autres par une certaine animalité, ce qui est le cas de Shalimar et de Jicky avant lui. Un véritable aspect peau, voire sécrétion, doit pouvoir se deviner dans la composition (de façon plus où moins marquée), sans cela pas de chaleur et de sensualité carnée au rendez-vous. C’est cet élément qui pour moi est à l’origine du succès de Shalimar. Jacques Guerlain a su dompter et styliser une note animale présente mais mystérieuse, qui oscille entre force et délicatesse. Je trouve d’ailleurs que cet accord est plus marqué chez Jicky, ce qui le rend peut-être moins évident à apprivoiser. Shalimar, lui, est enveloppé de voiles de rondeur vanillée, féminisé par quelques fleurs et adouci par de la fève tonka, le tout posé sur son fond animal, à l’origine composé de civette, musc, ambre gris, cuir et patchouli qui lui procurait toute sa charge sensuelle. J’ai eu la chance de pouvoir analyser Shalimar avec un flacon ayant appartenu à ma maman et qui bien qu’un peu vieux ne s’est pas abîmé. Je donne cette précision parce qu’il est clair pour moi que la qualité des anciens (et nouveaux) parfums Guerlain a baissé. LVMH pompe aujourd’hui sérieusement sur le capital de confiance de la maison Guerlain, qui est synonyme depuis sa création de qualité. Force est de constater que les choses ont changé, comme me le faisait remarquer une lectrice dans un commentaire, les EDP actuelles correspondent aux EDT de l’époque de nos grand-mères, ce qui veut dire que les extraits que l’on nous vend aujourd’hui très cher étaient alors vendus comme des EDP! Seules des marques comme Montale ou Serge Lutens proposent encore des eaux de parfums concentrées à 25% dans l’alcool à des prix abordables (55 € un 50 ml chez Montale contre 87 € les 7,5 ml d’extrait de Shalimar…).

Mon avis sur Shalimar a sensiblement changé par rapport à janvier dernier. Bien que je n’affectionne pas particulièrement ce parfum, je dois lui reconnaître une grande finesse de composition, une audace assumée et une empreinte inoubliable. Je suis de moi-même allée à la rencontre de Shalimar, car je n’étais pas née lorsque ma mère l’a porté, bien que sa réputation l’ait précédé. Je m’y suis habituée, mais il reste synonyme de grande sophistication et je lui préfère l’Heure Bleue, plus intime et confidentielle.

Sources : OsmoZ, http://www.guerlain.com, Wikipedia, Images de Parfums (publicité Shalimar)

Comme des garçons : 2

Dans la jungle parfumée des grandes parfumeries et des grands magasins, Nez Bavard est mis à rude épreuve. Mais depuis quelque temps, j’ai repéré grâce à une collègue les parfums de la maison : Comme des Garçons. Dans un souci de vision globale, j’ai farfouillé quelque peu sur internet, pour dénicher des informations sur la marque et la créatrice. Il en ressort une très nette impression de destructuration, archaïsme, refus de la standardisation et du conformisme de la mode. Le principe des Guerrilla-Stores est un exemple, des magasins qui apparaissent et disparaissent aux 4 coins du globe, pour s’inscrire dans la dynamique urbaine, en constante mutation. Rei Kawakubo dit de son travail : « C’est plus facile de détruire les codes si on ne les a jamais appris ». Pourtant, on ressent le poids et l’héritage culturel de la civilisation japonaise chez cette femme lorsqu’elle parle (et surtout lorsqu’elle ne parle pas), ainsi que dans ses choix stylistiques ou stratégiques. Il existe chez les Japonais une forte dualité entre les traditions et la modernité (l’urbanisme s’est développé de façon assez brutale après la Seconde Guerre Mondiale), ainsi qu’une capacité très surprenante (pour nous autres Occidentaux) à faire du syncrétisme : c’est à dire à pouvoir, par exemple, être à la fois bouddhiste, shintoste et chrétien en même temps. L’approche de Rei Kawakubo est pour le moins déroutante, inhabituelle et sûrement pour certains choquante.

Dans les parfums de CDG, on a le sentiment d’une vraie recherche, on explore, on essaye des choses, on tente de contourner les habitudes… Ce n’est pas la seule maison à le faire (et à le faire bien), mais je trouve intéressant de le signaler car cela me permet de faire un point de comparaison avec Etat Libre d’Orange, dont les créateurs revendiquent avec tant de ferveur leur liberté d’expression. C’est pourtant, pour moi, la représentation typique d’un snobisme pseudo-artistique puant. Rei Kawakubo dérange elle aussi dans ses créations, et certains pourront formuler à son égard bon nombre de critiques, mais son travail a le mérite de surprendre réellement, de susciter interrogation puis réflexion.

Partant de là, je dois dire que c’est exactement ce qui s’est passé pour moi lorsque j’ai découvert les parfums de Comme des Garçons. De prime abord, on ne sais pas trop « quoi » sentir, et on se demande un peu de quelle manière réagir, notamment parce que plusieurs des parfums évoquent des sensations ou des situations que l’on n’aurait absolument pas attendues dans un parfum. C’est notamment le cas d’Odeur 71 qui suggère, entre autres, la poussière qui brûle sur une ampoule chaude, et représente le concept de « l’anti-parfum ». J’ai eu la chance de me familiariser en premier avec une fragrance assez facile, à savoir qu’on était déjà tout de même dans l’inhabituel mais pas encore dans le décalé. J’ai découvert 2 de CDG de façon assez naturelle : ma collègue qui représente la marque avait l’habitude de préparer des touches à sentir pour les client(e)s, parfumées avec 2. Je sentais donc régulièrement, lorsque j’allais lui parler, ce parfum. Je me suis d’abord dit qu’il était particulier, puis au fil des jours il s’est mis à me plaire, et j’ai décidé un matin de l’essayer pendant une journée. C’est un parfum que j’ai eu le temps de « mûrir » et d’apprivoiser, bien que encore une fois, 2 n’est vraiment pas la création de CDG la plus difficile à aimer.

Mon essai fut concluant. 2 n’est pas courant la première fois qu’on le sent, mais plus on le sent, plus il devient familier et naturel, au point qu’après quelque temps on se demande comment on a pu le trouver bizarre au premier abord. Dans ce parfum et dans plusieurs autres de Comme des Garçons, des impressions très contemporaines se retrouvent enfermées dans une petite bouteille, mais sont finalement acceptées avec simplicité. Le flacon est conçu pour que le parfum soit actif (il bouge avec vous), il ressemble étrangement à une flasque à whisky que l’on glisse dans la poche (voir le Pocket Size absolument craquant). L’impression olfactive est très urbaine (plus que citadine) et moderne. Pour celui ou celle qui vit en ville, les composants chimiques synthétiques ne sont pas perçus comme un manque de qualité, ils sont intégrés et acceptés spontanément par le porteur. Le rendu sur la peau est un mélange industriel artisanal : encens et aldéhydes incisifs et aiguisés pour le côté abstrait, le patchouli et le bois de cèdre pour la chaleur et la simplicité, l’ambre, l’angélique et l’absolu de maté pour la rondeur, la douceur et la mélodie du parfum. Mais on trouve aussi : encre, vétiver, cumin, magnolia, labdanum, huile de cade.

J’aime beaucoup la façon dont il évolue sur moi, les bois et l’impression de modernité sont bien présents, mais il tourne de façon très douce, légèrement sucrée sur ma peau. CDG 2 fait partie des parfums que j’aime sans réfléchir et que je porte sans raison particulière, parce qu’il me convient tel qu’il est et qu’il se marie à l’humeur du jour. La seule restriction est que je ne me vois le porter qu’en ville, parce que je me sentirais décalée si je le portais en vacances à la campagne.

Disponible au Printemps de la Beauté, Paris : 80€ les 100ml

Sources : Basenotes, Rendez-Vous Magazine, Dover Street Market (photo du défilé), The Times (photo de Rei Kawakubo), http://www.spirit-of-paris.com (photo de la Bibliothèque nationale de France – François Mitterrand), Luckyscent (photo du flacon)

Hermès : L’Eau des Merveilles

Photo du flacon Eau des MerveillesL’Eau des Merveilles d’Hermès est une curiosité parfumée lancée en 2004. L’accord de ce parfum est une combinaison de sensations contradictoires : pétillant comme une pastille effervescente, il se révèle sur la peau et devient par instant velouté et crémeux. Il est orange vif, il vous pique le nez comme lorsque l’on presse la peau du fruit, mais il est doux comme le jus et la pulpe de ses quartiers. C’est une sorte de piquant-doux olfactif, un vrai bonheur! Un parfum d’une sensualité étrange, tout en étant pétillant, il s’affiche sur la peau comme un parfum chaud et charmeur. Mais le charme est calme alors que les épices rendent Eau des Merveilles un peu frippon. C’est pourquoi il est attirant, il a une sorte de côté masculin-féminin : l’ambre gris, une matière suave et enveloppante qui apporte le velouté au parfum, est relevé par une note poivrée. Il faut aussi noter que l’ambre gris a été travaillé en coeur dans l’Eau des Merveilles, alors qu’il sert traditionnellement à étoffer les fonds orientaux. Son évolution sort donc un peu des rails de l’évolution classique des parfums « chauds » ou « orientaux ». Le peps du parfum est apporté par les agrumes, et par chance il ne disparaît pas au bout de quelques instants, on a sur une bonne longueur un effet « feu d’artifice » enjoué.

Le titre et les impressions un peu magiques ou pyrotechniques de ce parfum en font pour moi un parfum pour jouer à la sorcière (c’est plus marrant que de jouer à la fée). Un peu comme Elizabeth Montgomery alias Samantha dans Ma Sorcière Bien-Aimée, même si on arrive pas à remuer le nez aussi bien qu’elle. Il faut tout de même que je vous avoue que dans le rôle de la sorcière folklorique je préfère Agnès Moorehead alias Endora, la mère de Samantha… (ihih)
Ce parfum stimule l’imaginaire et transporte dans des dimensions inexplorées et pleines de surprises… J’ai certes été influencée par le visuel de la publicité, par le titre et la bouteille du parfum, mais je me suis trouvée à l’aise dans ces suggestions de feu d’artifice, de merveilles, de tours de magie… Ce qui fait que lorsque j’ai envie de m’amuser ou de me prendre pour un sorcière, je pschitt un peu d’Eau des Merveilles dans mon cou et sort prête à jeter des sorts à tout le monde…
Eau des merveilles a une composition apparemment innocente, mais le mélange en fait une potion aux vertus bien particulières, à moins qu’un ingrédient n’ait été gardé secret… On y trouve en tout cas du bois de chêne, de vétiver, du baume du Pérou, de l’ambre gris, du citron, de la bigarade, des baies roses…
Il est facile à porter, mais je le réserverai personnellement pour le soir. La version extrême, Elixir des Merveilles est à rendre folle, plus épicée, mais aussi plus ronde et chaude, elle potentialise tous vos pouvoirs magiques… Elle a un côté plus confit, mais sans rien de sucré, on y trouve entre autres du chocolat, de la fève tonka, du santal et aussi de l’encens. Si vous avez aimé Eau des Merveilles, vous ne pourrez pas passer à côté d’Elixir des Merveilles.


La Wish-List de Nez Bavard

Parfums Bois d'Argent - C. Dior / Ambre Narguilé - Hermès / L'eau de l'eau - Diptyque / Angélique Noire - Guerlain / Splash Forte - IUNX / Egoïste - Chanel / Iris Silver Mist - Serge Lutens / Vétiver Tonka - Hermès
Bougies Amber Ambush - Memo / Foin Coupé - Diptyque / Maquis - Diptyque / Orangers en Fleurs - L'Artisan Parfumeur

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