Dernièrement, le temps fraîchissant un peu à Paris, j’ai été prise d’une envie de chaleur olfactive. C’est tout naturellement que j’ai alors cherché à travailler les parfums ambrés, l’ambre étant le composant indispensable à toute composition « chaleureuse » qui se respecte.
Longtemps, en parfumerie, l’ambre a été utilisé sous sa forme naturelle : l’ambre gris, qui provient des concrétions intestinales du cachalot (un cétacé immense, pesant entre 20 et 50 tonnes) , produites en cours de digestion et évacuées par les voies naturelles. Flottant alors à la dérive, puis s’échouant sur les plages, l’ambre gris obtient son odeur caractéristique après plusieurs mois, voire plusieurs années d’exposition aux éléments (soleil, mer, vent…). Selon son état, son odeur développe des facettes boisées, camphrées, tabac, musquées… L’ambre gris est composé majoritairement d’ambréine (25 à 40%) et d’épicoprostérol (30 à 40%) qui sont des composants inodores. Parmi les substances odorantes, on relève l’ambrox qui est aujourd’hui recomposé en laboratoire de façon synthétique ou semi-synthétique (à partir d’éléments naturels). L’ambre était ( et est toujours) réputé pour ses vertus aphrodisiaques, il a été classé au Xe siècle par Ibn Haukal comme l’un des produits les plus importants du Maghreb.
Mais l’ambre gris n’est pas le seul composant à donner une note ambrée dans un parfum. Des plantes telles que le ciste qui produit une gomme résineuse appellée labdanum, ou l’ambrette dont on utilise les graines (mais de moins en moins) sont connues pour leurs tonalités ambrées, musquées, animales.
Pour me faire un avis sur ce composant et travailler mon nez correctement, j’ai recherché des parfums où l’ambre était vraiment dominant et autant que faire se peut, pur. Les parfums choisis ont été : Ambra de Etro, Ambre Sultan de Serge Lutens et enfin, Ambre Précieux de Maître Parfumeur et Gantier. Les trois parfums interprètent de manière différente un même composant, mais se réunissent sur une même sensation de rondeur suave plus ou moins vanillée et/ou sucrée.
Pour Ambra de Etro, on a : bergamote, citron, coriandre, géranium / patchouli, ciste / vanille, musc, ambre. Ma peau a une tendance naturelle à faire ressortir les aspects les plus sucrés dans un parfum, et ce qui m’a intéressée dans celui-ci, c’est que cet aspect est apparu sous forme légère, comme un sirop d’érable, juste au moment de la vaporisation, puis s’est finalement dissipé. Laissant place alors, au fil des heures, à une douceur musquée avec un ambre végétal (résineux), se concluant sur une touche patchouli-vanille fluide mais bien présente. De ce parfum émane un ambre svelte, léger, qui tout en gardant la jolie rondeur de l’ambre le rend très facile à porter par tous les temps. Il est concentré en Eau de Cologne, mais sa tenue est très satisfaisante et suffisante lorsque l’on recherche juste une légère aura.
L’Ambre Sultan de Serge Lutens se compose de : coriandre, fleur de laurier / ciste, myrte, angélique, origan / ambre, santal, patchouli, styrax, baume tolu, benjoin. Je serais tentée de dire que ce qui sent le plus dans ce parfum est l’absence de vanille. Un élément qu’il est intéressant de relever lorsqu’on le compare à d’autres compositions ambrées plus courantes. Le benjoin « remplace » en quelque sorte la vanille et développe une sensation balsamique et ronde, mais pas sucrée. Les premiers instants, Ambre Sultan a une odeur assez mordante, fumée et animale. Une animalité soutenue par les épices et qui se poursuit tout au long de son évolution, le rendant légèrement rustique. Son fond est balsamique, et l’on retrouve un ambre-fumé distingué, en équilibre.
L’Ambre Précieux de Maître Parfumeur et Gantier : épices / encens, patchouli / vanille, ambre, baumes. C’est celui qui sent de la façon la plus classique à mon nez. C’est aussi celui qui se fait le plus séducteur et le plus enveloppant sur ma peau. L’ambre précieux se fait vraiment bijou : il pare. Voiles, volutes, rondeurs moelleuses, douceurs vanillées, … C’est un sublime parfum de sillage, intriguant ou dérangeant selon les goûts, qui révèle tous ses charmes sur la peau d’une femme (ou d’un homme). Sur ma peau en tout cas, il se sucre et s’arrondit nettement, donne une grande sensation de souplesse, assez féline. L’image du chat ondulant, au regard impénétrable et à l’allure nonchalante me convient parfaitement. Sa tenue est irréprochable et son sillage puissant. Blue Amber de Montale est très proche de cet Ambre Précieux mais je le dirais légèrement moins vanillé.
Trois parfums, trois expériences, qui ne conviennent pas aux même humeurs et aux mêmes moments avec pourtant un ambre central, chaque fois. Je n’ai pas de préféré. Je dirait qu’Ambra est le plus confortable, Ambre Sultan le plus surprenant, et Ambre Précieux le plus royal.
L’ambre est une matière adorable dans tous les sens du terme, mais qui, me semble-t-il, est utilisé aujourd’hui vraiment à toutes les sauces. Sa grande capacité a fixer la fragrance et à lui apporter chaleur et sillage fait qu’il est utilisé dans de nombreuses compositions, mais souvent sans grande habileté. Les parfums commentés aujourd’hui et d’autres comme L’Eau d’Ambre de L’Artisan Parfumeur ou Ambre Soie de la collection Armani Privé sont de beaux parfums où l’ambre a une place de choix au coeur de la composition.
Sources : Wikipedia, OsmoZ, Etro.com, www.cnrs.fr
Et vous, quels sont vos ambres préférés?
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