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Le « Tout-est-parfumé »

Suite à un article paru dans le journal Libération du 19 et 20 janvier, et à un petit encadré de A nous Paris! du 4-10 février, on commence à percevoir la tendance à venir sur le marché du « Tout-est-parfumé ».

Cette mode du parfumage intempestif s’est répandue dans des sphères jusqu’alors inexplorées et visiblement ce n’est qu’un début. On avait commencé par des mouchoirs en papier parfumé ou encore des collants parfumés… Jusqu’ici, rien de très anormal me direz-vous. La première fois que j’ai vraiment bondi devant ma télé, est lorsque j’ai vu apparaître les premières publicités pour les protège-slips parfumés, le coup de grâce ayant été porté par une célèbre marque de tampons hygiéniques qui nous propose aujourd’hui des tampons parfumés contre les mauvaises odeurs… J’ai été choquée par la portée symbolique de cette campagne de publicité : même à l’intérieur de notre propre corps, il faut se prémunir contre les (mauvaises) odeurs!

Je cite ici une partie de l’entretien d’Annick Le Guérer, anthropologue, spécialiste de l’odorat, des odeurs et du parfum, publié dans l’article de Libération. La journaliste demande :

« Que penser d’une société totalement parfumée? A.N. : J’y vois un refoulement de la mort : la mauvaise odeur, c’est le putride. Diffuser des odeurs florales, boisées, épicées qui sont des odeurs de vie, c’est une façon d’oublier que nous sommes des êtres vivants, appelés à la putridité et à la mort. […] Mais outre le désir inconscient de refouler l’idée de la mort, on peut également voir dans cette démarche une recherche du plaisir, du bien-être qui nous détourne de la « sueur sacrée » du travail. »

L’article, qui n’est malheureusement plus accessible en libre-accès sur le site de Libération, traitait, à côté de cet entretien, de l’interdiction de fumer dans les lieux publics qui est désormais en vigeur en France. Selon cet article, depuis que l’on ne peut plus fumer dans les boîtes de nuit, l’odeur régnant dans les clubs serait particulièrement désagréable, mélange de tabac froid, d’alcool et de transpiration… On apprend, de plus, dans A nous Paris!, que la SNCF teste actuellement dans onze de ses gares des diffuseurs de parfum censés « renforcer le sentiment de propreté et surtout créer une ambiance différente et originale ». Comme le dit Annick Le Guérer, on reprend aujourd’hui conscience du pouvoir de l’odorat, celui-ci ayant été dévalué pendant des siècles. Peut-être doit-on y voir une volonté de l’homme de retourner à des choses plus naturelles, plus instinctives, et peut-être meilleures pour sa santé. Mais on peut aussi y percevoir un nouveau marché pour les entrepreneurs en quête d’innovations et de succès rapide.

Je ne doute pas que ce type d’initiatives va rencontrer un succès auprès des directeurs de boîtes de nuit, on a déjà vu que les marques tentent depuis un moment de se donner une identité olfactive. Consulter à ce sujet le site des Ateliers du Parfums où Nathalie nous donne son sentiment. Cependant, je n’y vois rien de bon encore une fois pour l’odorat, car je crains que ce type d’inventions ne continue à désorienter la sensibilité des individus, en les laissant encore et toujours se complaire dans des atmosphères aseptisées et refoulant toute notion instinctive trop incontrôlable. Le parfum a d’abord été considéré comme sacré, pour brider son utilisation et le cantonner à des usages religieux, le plaisir associé aux parfums profanes étant alors souvent relié aux situations de débauche. Aujourd’hui dans l’utilisation qui en est faite, on veut séduire, mais il me semble que l’on recherche aussi à contrôler ses instincts et ne pas se sentir dépendant de ses sens.

Le besoin de tout parfumer ne serait pas aussi pressant, ou alors serait fait de manière différente si l’on apprenait aux gens à apprivoiser le monde des odeurs et à comprendre les mécanismes subtils et très profonds de l’odorat qui sont tout autant liés au plaisir gratuit des sens qu’aux mécanismes de défense de l’être humain. Je cite en référence la conclusion d’un article disponible sur le site de L’Université de Lyon 1 qui nous dit que « l’hédonisme de la perception olfactive a un profond enracinement biologique. Le plaisir sensoriel est sans doute le moyen que l’Evolution a trouvé pour guider, sans les contraindre, les organismes supérieurs vers les sources de mieux-être, vers les choses et les êtres dont il est bon de s’approcher pour accroître ses chances de survivre et de produire une descendance. L’odorat qui nous renseigne sur la substance des choses est, naturellement, le meilleur messager du bonheur promis ou du danger qu’il faut fuir. […] Quelque part dans notre système limbique les notes olfactives ébranlent des fibres qui ont été placées là bien longtemps avant qu’un être vivant ait conçu l’idée de les faire vibrer pour son pur plaisir. »

Mon sentiment est qu’aujourd’hui l’homme moderne ne sait plus vraiment faire la différence entre ce qui est bon et ce qui est mauvais pour lui, à cause de l’instrumentalisation dont ses sens font l’objet, et que cela a des répercussions importantes du point de vue sociologique et mental (image de soi, image des autres, rapports humains, perception…). Je redoute que cette instrumentalisation de l’odorat qui a déjà commencé, ne s’étende et n’aggrave un peu plus la situation.

Parfums : Critiques ou pas?

L’idée de ce billet m’est venue il y a un moment déjà, depuis que j’ai remarqué, comme beaucoup d’entre vous, que la critique (de qualité) en parfumerie est totalement inexistante. Lorsque j’ai créé Poivre Bleu, mon objectif principal était d’exposer mes pensées, mes avis et mon évolution au sein de ce milieu. Les mois passant, il est devenu assez naturel pour moi de prendre parti ou de râler lorsque cela me semblait justifié. Il s’agit surtout pour moi d’un plaisir, celui de donner sa perception, de parler de ses goûts, de ses références, de ses idées… mais aussi d’un besoin, celui de donner une vision personnelle, différente de celle des publicités et aussi d’un besoin d’échange et de confrontation entre amateurs d’un même univers.
Après la lecture de 2 articles très intéressants publiés sur deux blogs que je fréquente régulièrement : Les Ateliers du Parfum et le blog d’Octavian Coifan : 1000 Fragrances, j’ai voulu parler de ce sujet si sensible qu’est la critique. Et en ce qui nous concerne, la critique de parfum. Ces deux articles n’ont pas le même sujet, mais ils ont mis en lumière le brouillard épais dans lequel on nage dans ce milieu. Dans La curiosité : un vilain défaut? , Nathalie nous parle du manque de communication et des codes poussiéreux qui y règnent, surtout pour ceux qui souhaitent y rentrer. A son tour, Octavian dans How to lie with fragrances , nous expose les subterfuges et les non-dits qu’utilisent les industriels du parfum pour faire de la désinformation et du mensonge.

Ces articles mettent en lumière, à mon sens (même si ce n’était peut-être pas voulu par les auteurs), le besoin d’analyses, d’échanges et de critiques dont aurait besoin la parfumerie pour évoluer. Pour ma part, ce constat vient du fait que je ressens la parfumerie comme un art. Créer un parfum, c’est utiliser les moyens mis à disposition pour créer une oeuvre et donner une idée du beau, chercher à toucher la sensibilité de chacun. L’oeuvre d’art est donc une production de l’esprit dans le domaine de l’esthétique. Si on retient cette conception, la nomenclature proposée par Jean-Claude Ellena dans Le Parfum, Que sais-je? n°1888 , est tout à fait pertinente. Les parfums se définissent « par une forme, c’est à dire la façon dont le parfum est perçu » : il y a les formes classiques, baroques, narratives, figuratives, abstraites, minimalistes… A partir du moment où l’on définit, on a une base sur laquelle on peut s’appuyer pour juger et donc pour critiquer. Où sont donc ces bases en parfumerie? Finalement, sur quoi juge-t-on un parfum?

J’ai le sentiment (est-ce le vôtre?), que la parfumerie ne s’assume pas à ce niveau (celui de l’Art) ou qu’elle est retenue à un niveau moindre pour les intêrets des plus puissants et des plus riches. Elle n’est pas tirée par le haut, car son histoire s’entremêle de plus en plus avec les considérations commerciales des grands groupes qui la contrôlent. Son évolution actuelle me fait penser à celle du cinéma qui, lui, a été reconnu comme art, bien que la parfumerie soit plus vieille de plusieurs siècles. L’exploitation de la parfumerie à des fins commerciales est, il me semble, tout à fait concevable, c’est le cas de la musique ou du cinéma. Son élévation au rang d’art ne pourrait que lui être bénéfique, lui permettrait de définir ses contours, de se structurer et pourrait par la même occasion faire apparaître une reconnaissance véritable des professionnels de la parfumerie.
Le fait est qu’aujourd’hui, de plus en plus d’amateurs éprouvent un sentiment de frustration par rapport à leur passion. Il y a ceux qui savent (les professionnels) et les autres, qui n’ont pas les moyens et les connaissances pour juger et pour critiquer. Pourtant, cette forme d’expression existe déjà depuis un moment, même si elle est encore très jeune, la prolifération de Perfume-Blogs la matérialise. Je ne préjuge pas des buts individuels de chacun des passionnés qui ont un jour décidé d’ouvrir un blog, mais comme je le disais au début du billet, l’existence des sites internet sur le parfum (et notamment des blogs) vient du fait que la communication sur ce sujet est totalement conventionnelle, calculée, contrôlée et ne fait absolument pas l’objet d’une analyse critique… Alors que l’envie de comprendre, d’apprécier et de discuter est bien réelle. Je trouve ces envies, et les différentes formes de critiques qui en résultent, légitimes, car on ne peut en vouloir aux gens de pallier l’inexistence de références communes en matière de parfum par des tentatives personnelles. Le savoir n’est pas réservé aux professionnels, la curiosité et la volonté d’apprendre permettent au fil du temps de s’éduquer, affiner ses analyses, cultiver et améliorer son nez. Je pense ici aux 3 ouvrages de René Berger sur la Découverte de la Peinture : il y a d’abord L’art de voir (sentir?), puis L’art de comprendre et enfin L’art d’apprécier. Le cheminement pour arriver à la critique de qualité est long, néanmoins, je pense qu’à tous les stades, l’expression (des goûts, des impressions, des ressentis…) est importante et qu’elle ne remet pas en cause les compétences et le travail des parfumeurs. On voit d’ailleurs avec l’arrivée de site internet comme Auparfum.com que la donne change puisque les professionnels eux-mêmes ont envie et besoin de voir la situation évoluer.

Il s’agit bien évidemment dans ce billet de mon opinion personelle, tout le monde (même les passionnés) ne partage pas forcément mon point de vue et ne perçoit pas la prolifération de blogs sur le parfum comme une bonne chose. Si vous avez des impressions à nous faire partager, n’hésitez pas!

L’Œuvre Noire By Kilian II

Nous sommes aujourd’hui le 18 octobre 2007, soit 2 semaines après l’ouverture très remarquée du stand By Kilian au Printemps Haussmann. L’engouement pour la nouveauté ne s’est pas fait attendre! Le stand et ses parfums ont connu un vif succès en ce début de lancement, malgré le prix élevé de la marchandise.
J’ai pris mon temps il est vrai pour analyser ces parfums. Maintenant je dois tout mettre à plat et donner mon avis. Dans les différents commentaires que vous avez laissé dans le billet précédent, chers lecteurs, on peut lire plusieurs types de réactions. Mais j’ai surtout pu relever que je n’ai eu aucun « Whaou c’est somptueux! Magnifique! Exceptionnel! Du jamais-vu! ». Et c’est bien là mon propos… L’Œuvre Noire By Kilian, c’est un concept bien ficelé, vu de l’extérieur, soutenu par tout un tas de références littéraires… Dans le dossier de presse disponible sur le site de By Kilian, on peut lire :

« Pour moi, l’oeuvre noire, c’est celle qui brouille le coeur de Faust, celle encore qu’invoquent les sorcières de Macbeth, celle enfin qui embrume l’esprit de Rimbaud. Mais c’est aussi celle des textes du R&B d’aujourd’hui – 50 cent, Snoop Dogg, Pharell Williams –, chanteurs de la tentation, confrontés à la violence urbaine, comme Baudelaire avant eux et exprimée dans ses poèmes en prose ». Kilian Hennessy

A vouloir creuser un peu, le tout est pour moi légèrement confus, et surtout assez inaccessible pour une clientèle lambda. On va du bouclier d’Achille en relief sur les flancs des flacons (bien qu’il n’ait pas grand chose à voir avec celui décrit dans L’Iliade), aux textes de Pharell Williams, en passant par les poèmes de Baudelaire, Les Liaisons Dangeureuses de Pierre Choderlos de Laclos et la théorie alchimique…Ces références sont-elles là pour donner une notion d’intemporalité? Sûrement. By Kilian est une marque (de niche) comme les autres, elle a un concept, et défend son bout de viande, comme tout le monde. Je me demande tout de même parfois s’il est tellement nécessaire de travailler à ce point une idée, jusqu’à la rendre presque inintelligible pour les personnes extérieures. Que recherche-t-on ici? Prouver que l’on sait lire autre chose que du Barbara Cartland?
L’ensemble est très raffiné, esthétiquement, il n’y a rien à redire, c’est vrai. Je l’ai dit plusieurs fois dans mes billets, je pense que l’important dans une marque de parfums, ce sont… les parfums. Ce qu’il y a autour est souvent en trop et, dans la mesure du possible, ne doit pas trop influencer l’amateur de parfum. Mais… je trouve que dans la cas présent, la marque et ses créateurs se prennent un peu (trop) au sérieux. Enfin, personnellement, ça me fait un (petit) peu rire. Selon ce principe, le travail de Serge Lutens est beaucoup plus remarquable et en même temps plus discret.

Le grand atout de L’Œuvre Noire By Kilian réside dans ses matières premières, qui ont été choisies avec grand soin. La vie de ces parfums sur la peau est palpable, leur évolution est délicate, maîtrisée en un mot : raffinée. Chacun ayant une excellente tenue, cela va de soi.
Le grand défaut de L’Œuvre Noire By Kilian vient du fait que ces parfums n’ont rien d’exceptionnel en dehors des matières premières qui les composent. Je veux dire par là que les accords développés ont quasiment tous une inspiration venant de la parfumerie grand public ou de niche. Pendant les 2 premières heures au cours desquelles j’ai découvert ces parfums, j’ai été sciée. Parce que la qualité des matières prenait beaucoup de place, ce qui faisait que les parfums se démarquaient vraiment du reste. Mais très vite, l’impression de déjà-senti a pris la place : Love est une reprise en plus sucré du Flower Bomb de Viktor & Rolf (encore plus évidente dans l’extrême); Beyond Love c’est Tubéreuse de L’Artisan Parfumeur en moins crémeux (même si la tubéreuse est une fleur difficile à travailler et à rendre inédite, la ressemblance est trop évidente pour ne pas être relevée) ; A Taste of Heaven est un mélange de Pour Un Homme de Caron (en tête) avec Fou d’Absinthe de L’Artisan Parfumeur ; Liaisons Dangeureuses reprend l’accord fruité-rose-bois très en vogue comme le signale un lecteur dans le billet précédent vu notamment dans les Juliette Has A Gun. Straight to Heaven et Cruel Intentions sont les plus originaux à mon nez.
A Taste of Heaven et Straight to Heaven sont mes préférés (les 2 masculins), parce qu’ils ont sur moi une dimension intéressante : de confort pour A Taste of Heaven et d’androgynité pour Straight to Heaven.

Mon opinion sur la marque est en définitive assez neutre. Je ne suis ni convaincue, ni emballée. J’ai beaucoup apprécié le beau travail qui a été fait au niveau des composants, en même temps que j’ai été déçue par le manque de parti pris olfactif et l’aspect grandiloquent du concept. J’attends de voir ce qui va venir puisque d’autres parfums sont sûrement prévus et/ou un élargissement de la gamme.

Sources : http://www.bykilian.com (photo de Kilian Hennessy)

L’Œuvre Noire By Kilian

Nez Bavard a fait la connaissance de l’oeuvre de Kilian Hennessy aujourd’hui. Ce nom vous est familier? C’est bien normal, il s’agit bien du même H que dans LVMH. Kilian Hennessy, petit-fils de l’un des fondateurs du groupe LVMH et héritier d’une famille d’industriels du cognac, se lance aujourd’hui dans les parfums d’exception. Voilà une nouvelle marque de niche, avec tout ce qu’elle suggère de plus excitant et de plus dangeureux aussi.

Une sortie exclusive au Printemps Haussmann à Paris, un stand laqué noir hyper sobre et hyper chic. 6 parfums, 6 fontaines en forme de fûts de cognac, 1 modèle de flacon et d’écrin, sur lesquels est reproduite une partie du bouclier d’Achille. Car un parfum By Kilian confère au porteur 2 choses : le pouvoir de séduction et la protection (l’objet est conçu comme un talisman). Un concept intéressant, plutôt nouveau, et surtout très luxueux, à en faire pâlir la Private Blend de Tom Ford qui peut apparaître ici comme le concurrent direct (diffusé en France en exclusivité aux Galeries Lafayette et au Bon Marché). Rien qu’à voir les écrins individuels, on est déjà bluffé… Et il vaut mieux l’être, pour dépenser la modique somme de 165 € comme prix de départ, comprenant : un flacon de parfum 50 ml rempli, un écrin laqué noir, tapissé de satin et sa clé. Rassurez-vous, la recharge à la fontaine ne coûte que 69 € (pas à la portée de toutes les bourses certes, mais calé sur les prix du marché actuel).

Les parfums sont au nombre de 6, et se divisent en 3 catégories :

  • Les Ingénues, 2 parfums féminins

Love by Kilian, Don’t be shy : bergamote, néroli / poivre rose, coriande / chèvrefeuille, eau de fleur d’oranger, absolu f. d’oranger, absolu jasmin, concrète rose, iris / civette reconstituée, sucre caramélisé, absolu vanille, absolu ciste labdanum, musc blanc.
Un féminin ouvertement sucré qui recherche l’accord guimauve.

Beyond Love by Kilian, Prohibited : noix de coco / absolu jasmin, concrète tubéreuse, absolu tubéreuse, accord vert et accord pétale de tubéreuse / ambre, musc tonkin reconstitué.
Un féminin vénéneux pour le soir.

  • Les Paradis Artificiels, 2 parfums masculins

A Taste of Heaven by Kilian, Absinthe verte : bergamote, géranium / absolu f. d’oranger, absolu rose, absinthe verte, essence de lavande, lavandin, absolu lavandin, concrète lavandin / vanille bourbon.
Un aromatique liquoreux (l’un des meilleurs à mon nez).

Straight to Heaven by Kilian, White Cristal : absolu Rhum, fruits secs / noix de muscade, hédione, accord bois de cèdre / patchouli, ambre gris, absolu vanille, musc blanc.
Un boisé transparent.

  • Les Orgies Parisiennes, 2 parfums mixtes

Liaisons Dangereuses by Kilian, Typical me : noix de coco / absolu pruneau, accord prune de Damas, bourgeon de cassis, pêche confite, cannelle, graines d’ambrette, rose, géranium / santal, mousse de chêne, vétiver, bois blond, vanille, musc blanc.
Une rose fruitée et juteuse.

Cruel Intentions by Kilian, Tempt me : bergamote, néroli / violette, rose, bois de oud, papyrus, bois de gaïac / vétiver, santal, styrax, castoréum, vanille, musc.
Un parfum animal, sombre et dense.

Il y aurait encore bien des choses à dire sur l’Œuvre Noire by Kilian qui n’est pas sans rappeler le terme de l’oeuvre au noir qui en alchimie désigne la première des 3 étapes nécessaires pour accomplir la transmutation du plomb en or… Je n’ai pas souhaité donner mon avis immédiatement, je me laisse le temps d’analyser plus longuement ces parfums pour pouvoir par la suite en discuter. Une chose mérite cependant d’être signalée : de toute évidence, un grand soin a été apporté pour le choix des matières premières dont la qualité se ressent très vite au sniffage. C’est le travail de composition et de construction qu’il faudra ensuite décortiquer. Les deux parfumeurs sont : Calice Becker ( Love, Beyond Love, A Taste of Heaven, Liaisons Dangeureuses) et Sidonie Lancesseur ( Straight to Heaven, Cruel Intentions).

Le stand de by Kilian se trouve en exclusivité au Printemps Haussmann à Paris, vous pouvez vous y rendre dès à présent : le stand a ouvert ses portes aujourd’hui même. Les ouvertures à l’international sont prévues pour le 1er novembre environ, chez Bergdorf Goodman / New York et Aedes de Venustas / New York.

Pour plus d’informations consulter le site de By Kilian ici.

Sources : http://www.bykilian.com, wikipedia, osmoZ

Tom Ford. Gros Klaxon, Petit Moteur…

Je me permets de faire une parenthèse dans la série des billets Guerlain, pour réagir à propos de la nouvelle campagne de pub de Tom Ford pour son prochain parfum : Tom Ford For Men.
J’ai découvert cette campagne grâce au blog Perfume Smellin’ Things écrit par Marina. Comme elle, je suis d’abord restée perplexe devant cette photo. Même si Tom Ford nous avait déjà habitués à des publicités dénudées : voir les campagnes pour M7 (dont s’est largement inspiré Light Blue Man de D&G), Opium ou Paris d’Yves Saint Laurent. Souvent il avait fait preuve d’audace, mais avait réussi à rester de bon ton. J’ai pour ma part détesté la dernière campagne de pub pour Paris, que j’ai trouvé vraiment glauque, mettant en scène un femme trop maigre avec un visage sinistre entourée de deux hommes au regard et à l’allure vides…
Tom Ford a visiblement l’air de quelqu’un qui a du goût, de l’audace et un véritable sens de la création. Ses goûts en matière de mode, ses choix stylistiques sont forts et assumés, et dans le même temps on le voit à maintes reprises sur des photos apparaître dans la posture virile de l’homme dominant ou encore sous le rôle d’un bel étalon au pouvoir de séduction irrésistible. Ces postures de jeune coq en rut Lire la suite ‘Tom Ford. Gros Klaxon, Petit Moteur…’

Guerlain : Insolence ou l’Empire LVMH

J’ai longuement hésité à écrire sur le dernier parfum de Guerlain : Insolence. Je dois en effet admettre que je n’ai pas beaucoup de choses positives à dire sur lui. En vérité, cette dernière création est l’aboutissement d’une nouvelle politique chez Guerlain, amorcée sous l’impulsion de LVMH qui a racheté la maison définitivement en 1996. (LVMH avait acquis 14% des parts en 1987). En 1996, sort Champs-Elysées, le premier parfum Guerlain a ne pas avoir été composé par un membre de la famille. En vérité, la création reste dirigée par Jean-Paul Guerlain, jusqu’en 2002, date de son départ. C’est à partir de cette date me semble-t-il que la création chez Guerlain a pris un tournant. Avec L’Instant, et plus récemment Insolence, Guerlain s’inscrit à son tour dans un tendance moderne, et sûrement très éphémère…

L’Instant conserve, je trouve, une signature particulière, ce qui lui a permis de garder un certain prestige. Mais Insolence, conçu pourtant par le même parfumeur : Maurice Roucel, m’a totalement dépitée. Le choix a été fait de créer un parfum facile, scintillant, superficiel et surtout excessivement aisé à vendre… Un parfum pour le plus grand nombre, pour faire du chiffre, pour plaire plus que pour toucher. On le voit d’ailleurs très bien dans le choix d’une actrice hollywoodienne (Hilary Swank) pour être l’égérie du parfum. Je n’ai rien contre les actrices, d’Hollywood ou d’ailleurs, mais je ne vois rien d’audacieux ou de pertinent dans ce choix, étant donné que Charlize Theron est actuellement l’image de J’adore de Dior, l’écho est trop visible. Ce qui me désole le plus, ou ce qui me fait le plus peur, c’est l’impression que Guerlain est sur une très mauvaise voie, qui va lui faire perdre son prestige et son raffinement. D’un autre côté les créations de « L’art et la matière » sont une réelle réussite (Cuir Beluga, Rose Barbare, Angélique Noire, Bois d’Arménie) et les éditions limitées Plus que Jamais Guerlain (maintenant accessible en édition classique) et Nuit d’Amour (à paraître prochainement en édition classique) sont aussi des perles rares. Où donner de la tête? On est intensément déçue et en même temps chaleureusement réconfortée. Il faut tout de même noter que les exceptions et les réussites citées plus haut se vendent désormais très cher, et ne sont pas (ou plus) accessibles à toutes les bourses, ce que je trouve assez dommage.

Il est toujours facile de critiquer, mais je ne peux pas comprendre un tel virage de la maison, qui j’en ai peur va perdre en qualité… Cette Insolence n’en est pas une, c’est un bonbon à la violette enfariné qui ne se place pas plus haut que Miss Dior Chérie. La seule vrille (on ne parle plus de pyramide mais de spirale) agréable est la tête : Framboise/Pulpe de fruits rouge. Les deux autres « vrilles » se composent comme suit : Violette/Rose/Fleur d’Oranger ; puis : Iris/Fève Tonka/Résine.
Je dois reconnaitre qu’ Insolence marie deux matières premières avec lesquelles j’ai régulièrement du mal : la violette, et l’iris. Certes, cette impression négative ne vient peut-être que de moi, et je ne rends certainement pas hommage au travail de Maurice Roucel. Cependant, pour en avoir discuté autour de moi, je ne suis pas la seule à ne pas aimer ce parfum commercial peu raffiné destiné à plaire à la première venue. J’ai deux choses à souligner : le parfum se vend très bien, on le sent tous les 10 mètres dans la rue, et il a une note bien à lui qui ne s’oublie pas! Note qui pour ma part me dérange affreusement.
J’espère seulement que ce passage délicat n’est qu’un passage et que l’on aura le plaisir de sentir à nouveau un Guerlain à la prochaine création!

Sources : OsmoZ, Guerlain


La Wish-List de Nez Bavard

Parfums Bois d'Argent - C. Dior / Ambre Narguilé - Hermès / L'eau de l'eau - Diptyque / Angélique Noire - Guerlain / Splash Forte - IUNX / Egoïste - Chanel / Iris Silver Mist - Serge Lutens / Vétiver Tonka - Hermès
Bougies Amber Ambush - Memo / Foin Coupé - Diptyque / Maquis - Diptyque / Orangers en Fleurs - L'Artisan Parfumeur

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